Eglise Protestante Unie de Dijon – Beaune – Côte d’Or.

Dimanche 18 octobre 2020

Culte au temple de Dijon

 

Deux jours après l’horrible attentat à Conflans-Sainte-Honorine où un professeur, Samuel Paty est assassiné,

décapité.

Le Culte s’ouvre par l’évocation de ce drame atroce. Tout le culte sera célébré avec en pensée la famille de

ce professeur qui a trouvé la mort parce qu’il a fait son travail d’enseignant et de pédagogue.

Une pensée pour sa famille, ses amis, ses proches, ses élèves, tout le corps enseignant et tous ceux qui

souffrent.

La prédication qui a été légèrement repensée en lien avec cette actualité qui nous pèse et révolte. Comment

l’Evangile du Christ nous rejoint dans ces moments-là et nous relève ? La prédication est essentiellement

centrée sur le texte de l’Apôtre Paul aux Thessaloniciens.

 

Prédication assurée par Marcel MBENGA, pasteur,

Esaïe 45, 1 // Esaïe 4, 6 // 1 Thessaloniciens 1.1-5 // Matthieu 22.15-21

 

Tout n’est pas à remettre à Dieu car Dieu ne fait pas tout.

Une conviction que nous tirons de l’enseignement de la parabole de Jésus de ce jour « Rendez à César ce qui

est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »

***

Nous rendons toujours grâce à Dieu pour vous tous.

Un nous pour vous. Un nous formé d’un trio : Paul, Silvain et Timothée à l’Eglise toute jeune qui se trouve

à Thessalonique.

  • Thessalonique, capitale de la province romaine de Macédoine.
  • Thessalonique, une ville portuaire qui faisait d’elle une ville de transit, une ville commerciale, une ville qui rassemblait de nombreux étrangers et parmi lesquels de nombreux juifs. Et c’est dans tous ces milieux que le ministère de l’apôtre va s’exercer. Et de nombreux Juifs et de nombreux païens vont y être gagnés à l’Evangile de Jésus-Christ et formeront cette Eglise de Thessalonique.

L’Eglise de Thessalonique vivra dès le début dans un contexte d’hostilité et de persécutions et de souffrances. L’apôtre y séjournera quelques temps avant d’être contraint de quitter la ville. Il partira avec une grosse inquiétude au ventre pour cette jeune communauté qui est cernée de toutes parts. Ne pouvant pas revenir lui-même dans l’immédiat, il va ainsi missionné Timothée auprès des Thessaloniciens. Timothée de retour, lui rapporte de très belles nouvelles. L’Eglise de Thessalonique tient bon dans l’adversité. Ce qui va mettre l’apôtre dans une immense joie. C’est alors qu’il va se décider à leur écrire cette lettre d’encouragement dont nous venons d’entendre un court extrait introductif. Une lettre qui se veut toute simple sans être un exposé de la dogmatique. Vous remarquerez d’ailleurs que c’est le plus ancien écrit du Nouveau Testament. Une lettre qui vient poser des mots de réconfort dans une situation douloureuse. Une lettre qui vient dire toute la force de la conviction et de la Parole de l’Evangile sur toutes les persécutions et les drames.

 

Nous rendons toujours grâce à Dieu pour vous tous, et nous faisons mention de vous dans nos prières.  Continuellement, nous nous souvenons de tout ce qui vous caractérise : l'oeuvre de la foi, le travail de l'amour et la persévérance de l'espérance de notre Seigneur Jésus-Christ, devant notre Dieu et Père. Nous savons, frères1 aimés de Dieu, que vous avez été choisis. De fait, vous savez comment nous avons été parmi vous, pour votre bien.

 

Notre prédication de ce matin suivra ainsi trois orientations que je relève dans ce court extrait : La prière.

L’élection. La communion fraternelle.

 

Certes ! le texte de cet épître n’a pas été choisi pour faire forcément un lien avec l’Evangile qui nous est proposé pour ce jour. Mais, comment ne pas entendre l’enseignement de la parabole de Jésus à la toute fin en relisant la lettre de l’apôtre : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Cet enseignement, je l’entends résonner dans les orientations que je viens d’indiquer chez l’apôtre Paul aux Thessaloniciens : Prière. Election. Communion fraternelle.

 

D’abord, la prière. Nous faisons mention de vous dans nos prières. La prière restera toujours un lieu commun pour tous les croyants. Avec les rapports à elles si divers. La prière s’impose très souvent comme une adresse à Dieu. Une parole que nous faisons monter à Dieu soit pour le louer, le remercier, lui faire une demande précise, nous plaindre, etc. En tous les cas, la prière est ce lieu qui nous est donné où nous parlons à Dieu. En même temps, l’autre aspect de la prière comme lieu où Dieu nous parle est très souvent occulté, négligé, oublié, ou que sais-je encore ? Combien sommes-nous qui considérons que nous ne savons pas prier comme il faut ? Les disciples de Jésus le lui ont dit en leur temps et par eux nous avons reçu en héritage « le Notre Père ». Et si prier était aussi faire silence pour nous mettre à l’écoute. Bien qu’il peut aussi être pesant et difficile de faire silence. Et ce matin, nous avons certainement envie de faire silence devant Dieu, le chaos, le drame, la tragédie que nous vivons au plus près nous y plonge.

En tous les cas, la prière est et restera, me semble-t-il, le lieu de la rencontre : Rencontre entre 1. celui ou

ceux qui prient, 2. les autres qui sont portés par et dans cette prière et 3. Dieu. Trois parties que nous avons

en esprit que ce soit dans nos paroles ou dans nos silences.

 

En même temps, nous sentons bien que la prière toute seule ne suffit pas. Nous sentons bien qu’il nous faut aussi prendre nos responsabilités dans une action concrète. Prier pour quelqu’un est vraiment porteur de sens et de courage. Mais l’exaucement de cette prière passera aussi certainement par nous, en lui apportant concrètement ce dont il a besoin pour le sortir ou le soulager de cette souffrance. Dieu ne fait pas tout. Si Dieu ne fait pas tout, Dieu fait sa part. Et nous avons toute notre part à prendre pour accomplir l’oeuvre que Dieu veut pour notre monde. Dieu a besoin de nous pour faire ce qui ne lui appartient pas de faire.

 

Un exemple banale, (les exemples sont très souvent réducteurs, nous le savons tous. Mais, un exemple vaut ce qu’il vaut pour participer à petit éclairage. Ceci étant rappelé, osons l’exemple suivant) :

Vous avez un enfant scolarisé. Il vous doit les conditions d’étude optimale pour réussir. Il a besoin d’un cadre chaleureux pour étudier, il a besoin de vos encouragements, de votre amour, du matériel ou que sais-je encore pour travailler au mieux. Mais en aucun cas, vous ne ferez des devoirs à sa place. En aucun cas, vous n’étudierez à sa place ni encore moins aller passer l’examen à sa place.

 

A Dieu ce qui est à Dieu, à César ce qui est à César. Nous comprenons bien qu’en nommant César, il aussi question de nous, humains, de ce qui est à nous, de ce qui nous revient. La prière prend en compte cette double dimension pour que nous veillions à ne pas attendre que Dieu fasse ce qui relève de nous. La prière est aussi, - on peut l’entendre ainsi -, une invitation à nous engager à agir par nous-mêmes sans remettre tout à Dieu. N’est-ce pas une solution de facilité que de dire : Je remets tout à Dieu ? Avec l’argument massif de dire que Dieu peut tout. Certes ! Mais, NON ! Il ne fait pas ce qui relève essentiellement de nous. Et Oui ! Il fait tout ce qui est de son ressort ! A nous de bien discerner et faire cette nette séparation dans notre prière et dans la compréhension de notre prière. La prière est ainsi aussi un lieu d’engagement.

 

Voyez-vous, l’apôtre Paul, Sylvain et Timothée, sont en prière, il nomme, il mentionne les frères et soeurs mais, aussi, - (remarquons-le) - ils vont vers eux, ils vont séjourner avec eux et il nous est dit : cela leur fait du bien. La visite physique fait du bien au Thessaloniciens. Cette communion fraternelle n’est donc pas que spirituelle mais elle est aussi physique. Elle fait du bien. Cette expérience commune, ce vécu commun, fait du bien. Cet engagement se fait dans la pleine conscience que nous sommes choisis. Nous sommes élus.

 

L’élection est un thème très cher au protestantisme. Sa compréhension a été sans cesse renouvelée depuis Calvin, qui a énoncé la doctrine de la prédestination. L’élection nous fait comprendre que des peuples, Israël notamment, et d’autres, les personnes sont appelées et choisis par Dieu. Des personnes à qui Dieu confie une mission particulière : Être témoins de sa Parole et du Salut qu’il donne. Les uns et les autres sont appelés à des ministères bien divers : les pasteurs, les prêtres, les conseillers presbytéraux, les prédicateurs, les intercesseurs, les serviteurs… Dieu élit et appelle pour lui apporter tout l’appui nécessaire.

 

Ce que nous comprenons, c’est que Dieu opère par nous, par les humains que nous sommes pour être porteurs de son Salut pour tous. Il me semble que nous ne pouvons pas faire l’économie de nous engager là où nous pouvons avec les moyens qui nous sont donnés pour participer à la réparation de ce monde. Notre élection nous oblige. Il nous faut unir tous les profils que nous avons dans le combat qui doit être mené contre les barbaries. Les uns se mettront en prière, une prière qui appelle soit son engagement, soit l’engagement des frères et des soeurs, d’autres se sentiront mobilisés pour aller marcher cette après-midi avec les collectifs qui ont appelé au rassemblement pour soutenir la famille de Samuel Paty et tous ceux et celles qui souffrent, et pour faire triompher la liberté. D’autres apporteront des moyens logistiques, etc. Il n’y a pas d’étanchéité entre une action et une autre. Mais, nous sommes tous mobilisés. Nous avons cette conviction en partage : Nous avons à faire ce qui nous appartient de faire tout en comptant sur l’aide de Dieu dans les domaines qui sont les siens.

 

Chers frères et soeurs, alors, en union de prière ..

Nous sommes choisis en vue du Salut de tous, que notre engagement ne fasse pas défaut à notre Eglise ni a

notre monde. Dieu a besoin de nous.

Agissons dans cette communion fraternelle.

Amen

 

Envoi

Rien qu’un mot de bonté,

Mais il a soulagé un coeur qui souffrait.

Rien qu’un mot d’encouragement,

Mais un chemin obscur a été illuminé

Rien qu’un mot d’espérance et de foi,

Et le jour tout entier a été transformé.

 

Bénédiction

Le seigneur vous bénit et vous garde.

Le Seigneur fait resplendir sur vous sa lumière et vous accorde sa grâce.

Le Seigneur tourne sa face vers vous et vous donne la paix..