Prédication assurée par Marcel MBENGA, Pasteur.
Noël 2021 au temple de Dijon


Evangile selon Luc, 2, 25 – 32

 

Vous connaissez peut-être ce tableau de Rembrandt (Musée National à Stockholm) représentant Syméon dans le temple de Jérusalem portant l’enfant Jésus. Syméon est un vieillard poussé dans le temple ce jour de la présentation de l’enfant Jésus. Quel beau visage nous montre-t-il. Et les parents de Jésus lui laisse volontiers porter leur petit enfant. Nous connaissons tous les magnifiques toiles de Rembrandt. Comme il sait faire place aux personnages. Je trouve ses personnages qu’il veut mettre à l’honneur toujours imposant. Ici c’est Syméon. Un homme sage et attachant mais aussi inspirant car il nous aide à nous recentrer sur l’essentiel de notre vie.

L’histoire du Salut manie à merveille les points d’appui de la tradition et apporte de temps en temps et en bonne dose aussi des points de rupture. Voyons de plus près la situation. Marie et Joseph font fidèlement ce que prescrit la loi, la présentation de l’enfant au Temple 8 jours après sa naissance. Ils sont à Jérusalem, dans le grand Temple. Et le premier visiteur de cet enfant est un vieillard. Il vient au temple, nous dit-on, poussé par l’Esprit. Les versets qui suivent notre texte de ce matin indiquent qu’il y avait aussi au temple ce jour-là pour accueillir l’enfant, une vielle femme, une prophétesse du nom de Anne. Nous n’en parlerons pas car le texte proposé ne va pas jusqu’à elle. Concentrons-nous donc sur Syméon.

 

Syméon est le premier dans le temple qui comprend que cet enfant qui y est présenté apporte dans sa vie quelque chose d’extraordinaire. Il nous montre qu’à la vue de cet enfant, c’est toute sa vie à lui Syméon qui prend une saveur toute nouvelle. Lui qui est sur le point de mourir ressent qu’un tel événement comble sa vie bien au-delà de toutes ses espérances. Alors, maintenant dit-il, il peut mourir en paix. C’est vraiment très fort.

 

Avec la vue de cet enfant, l’existence de Syméon est comblée. Quoi de plus important encore pour lui. Et cet enfant ne comble pas seulement sa vie mais celle de l’humanité entière, de toutes les Nations. Syméon a su le comprendre. Il a su en témoigner.


Je peux, à mon tour, témoigner de quelques regards de certaines personnes âgées qui viennent ici dans ce temple ou dans les temples où j’ai servi auparavant, et qui repartent chez elles paisibles après avoir vu des petits enfants dans le temple. Il y a comme quelque chose qui se joue en eux et qui les rassure. Il y a en eux, me semble-t-il, de la joie de voir que la vie sera toujours possible avec ces enfants quand bien même elles-mêmes ne seront plus là.
Les cheveux blancs des grands mamies et des grand papys dans le temple ne date pas d’aujourd’hui. Il y a à voir dans la présences des personnes âgées dans nos temple quelque chose de l’ordre d’une grande bénédiction. Vous le voyez ici les vieux dans les Temples, ça date déjà du temps de Jésus. A la naissance de Jésus et au moment le plus important dans son départ pour la vie : sa présentation au Temple, c’est un vieillard qui est mis à l’honneur. Certes ! il y avait aussi Marie et Joseph, de jeunes parents, mais, ce ne sont pas eux qui sont ici mis en avant : c’est le bébé et les vieux. Et ça, c’est magnifique. Ces liens là sont très importants et très profonds.


Syméon nous montre en ce matin de Noël que nous avons à chérir le rôle des grands-parents qui apporte amour, disponibilité, bénédiction aux enfants.

L’âge avancé n’empêche pas d’accueillir la nouveauté dans la vie. L’âge avancé n’est pas un handicap. Au contraire. Même vieux, on peut avoir sa vie changée, on peut découvrir une joie réelle et profonde et être témoin de l’extraordinaire de Dieu pour toutes les générations. C’est ce qui se joue en Syméon. Il montre un certain recul du aux événements et au nombre d’années déjà vécus. Syméon peut témoigner d’une large expérience qui lui permet d’avoir une vision d’ensemble.


Le propre de la jeunesse est souvent d’être focalisé sur une infime partie de la vie. Et la force de l’âge est de pouvoir mettre les choses en perspective dans une vision plus globale qui permet de trouver de la paix y compris dans des situations chaotiques. Les multiples expérience qui ont montré Dieu à l’oeuvre sont encore en mémoire pour dire que ce même Dieu peut encore intervenir aujourd’hui pour nous sortir des impasses. Il est le même Dieu d’hier. Les vieux apportent cela aux jeunes générations. Ils aident à maintenir le cap et à vivre dans une espérance.


On aurait pu imaginer que vieillir rend plutôt blasé de tout. Et bien non ! Syméon est tout sauf blasé. Il manifeste encore une attente. Il exprime un désir. Il a soif de quelque chose de bon. Il espère la libération. C’est tout cela qui faisait de lui un homme « juste et pieux ». J’aime ces deux qualificatifs : juste et pieux. On ne dit pas qu’il se perdait dans un activisme comme dans nos temps moderne comme le décrit si bien la philosophe Hannah Arendt. Elle dénonce notamment dans son livre « Condition de l’homme moderne » l’activisme de l’humain pour l’aider à retrouver un certain équilibre intérieur.


Ce qui est dit ici de Syméon, me semble-t-il, renvoie à cet équilibre intérieur. Il vit dans une certaine espérance en lien avec son Dieu. Sa vie est entretenu par cette quête spirituelle. Et c’est cela qui illumine son visage. Rembrandt rend si bien cette lumière dans le visage de Syméon dans sa toile.


Et puis on peut aussi dire que Syméon porte bien son nom car, son nom signifie : « celui qui écoute ».


Celui qui écoute a forcément à voir avec la capacité d’attendre et d’espérer. Il se montre encore capable de s’émouvoir, de se réjouir pour ce qui vient et advient. Il n’est pas seulement tourné dans son passé. La visite de son passé lui permet de mieux s’ouvrir à la nouveauté. Rien d’autosuffisant. L’évangéliste précise pour nous « Syméon attendait la consolation d’Israël ». Il attendait dans une attente nourrie d’espérance.


Plus on attend, plus il nous est donné de recevoir et de reconnaître ce que nous recevons.


Alors, à la vue de Jésus, Siméon est plein de joie. « Mes yeux ont vu ton salut » dit-il. Il a vu le salut en Jésus.


Si on resitue un peu l’histoire dans le contexte de la naissance. On se dit qu’on est ici au tout début de la vie de Jésus sur terre. Il n’a encore rien fait. Il n’a encore rien dit. Il n’y a pas encore ni mort ni résurrection. Il n’a encore guéri personne ni fait un quelconque miracle. Rien de tout cela. Tout est en devenir tout au plus. Ce bébé tout petit qui n’a fait aucune preuve a suffi pour fonder et nourrir toute l’espérance de Syméon.


Nul besoin d’aller chercher des choses flamboyante. Nul besoin d’attendre de faire l’expérience d’un agir de Jésus dans nos vies. C’est vrai qu’il y en a autour de nous qui veulent expérimenter l’intervention de Jésus dans leur vie pour croire en lui. Syméon nous montre que la seule vue de cet enfant Jésus, suffit pour fonder notre foi et fonder notre espérance. Toutes les promesses de Dieu sont encore à venir. Mais, déjà, Syméon a la certitude que ces promesses sont déjà accomplies. Magnifique !


Ainsi chacun peut expérimenter, chacun à son niveau, selon sa sensibilité spirituelle, ou parfois, ou dans certaines situations particulières ce que Dieu peut apporter dans une vie, un sentiment de grandeur, de reconnaissance, de gratitude, d’amour, de paix.

 

Aujourd’hui, Jésus vient à nous.
En lui trouvons la force de nous relever sans cesse.
En lui trouvons la paix et la consolation.
Allons en paix et en confiance.
Amen

Pasteur Marcel MBENGA