EGLISE PROTESTANTE UNIE DE DIJON BEAUNE ET COTE D’OR
Dimanche 28 Juin 2020
Culte par le pasteur Marcel MBENGA
Bonjour à tous,
Je vous convie à un temps de méditation en ce dimanche ordinaire. Notre méditation portera sur un extrait de l’enseignement de Jésus à ces disciples au début de son ministère. Une collection qui conclut sa feuille de route donnée à ses disciples au chapitre 10 de l’évangile selon Matthieu. Ici Jésus enchaîne pas moins de 4 éléments distincts regroupés par Matthieu alors que dans les autres évangiles, ces éléments sont séparés :
1. Le conflit de légitimité entre la famille du disciple et Jésus. Qui préférer sa famille ou Jésus.
2. Les risques de la suivance avec cette idée de la croix à porter sinon le disciple n’est pas à sa place.
3. L’accueil des témoins que sont les disciples.
4. Et le souci du plus faible, du petit.
Mais avant prenons un temps de louange avec le Psaume « Réjouis toi peuples fidèles ».
Le texte que nous méditons ce matin nous est proposé dans la liste des lectures que nous avons en partage les dimanches et jours de fêtes avec nos frères et soeurs catholiques. Prions avant de lire les Ecritures afin qu’elle deviennent pour nous parole de vie.
Matthieu 10, 37 – 42
37 Celui qui me préfère père ou mère n'est pas digne de moi, celui qui me préfère fils ou fille plus que moi n'est pas digne de moi ; 38 celui qui ne prend pas sa croix pour me suivre n'est pas digne de moi.
39 Celui qui aura trouvé sa vie la perdra, et celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera.
40 Qui vous accueille m'accueille, et qui m'accueille accueille celui qui m'a envoyé.
41 Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète obtiendra une récompense de prophète, et qui accueille un juste en sa qualité de juste obtiendra une récompense de juste.
42 Quiconque donnera à boire ne serait-ce qu'une coupe d'eau fraîche à l'un de ces petits en sa qualité de disciple, amen, je vous le dis, il ne perdra jamais sa récompense.
Prédication assurée par le pasteur Marcel MBENGA au temple de Chaumont, le 28 juin 2020
Nul doute que l’enseignement de Jésus peut paraître indigeste. Voici quelques dimanches que nous cheminons avec ce chapitre de l’enseignement de Jésus. Jésus s’adresse à son équipe, (les 12 disciples) qu’il vient de recruter pour une mission dans un monde plutôt hostile. Jésus éprouve le besoin de ne pas leur cacher les difficultés à venir et les dangers qui les guettent. Il leur tient un langage de vérité sur ce qui les attend, sur les liens qui seront les leurs, sur l’exigence et la rigueur dans leurs parcours. Il les invite à la plus grande des vigilances mais surtout à rester ferme sans céder à la panique car les attaques dont ils feront l’objet ne pourront pas les détruire. A première vue, avec de tels avertissements d’un monde chaotique qui les attend, il y a de quoi les faire fuir. Mais, voilà fort heureusement, les disciples sont restés tous mobilisés.
J’entends parfois dire que la vie des chrétiens est une vie facile du fait de leur chance de croire. J’entends dire que la foi permet de passer haut la main les épreuves de la vie, d’autres vont même jusqu’à penser qu’être chrétien pourrait épargner des malheurs. Et si c’était vrai ! En même temps, ce n’est pas si faux. Si aucun chrétien n’est épargné par le simple fait de sa foi en christ, Dieu est pour chacun de nous un refuge et rempart. Le christ Jésus est un appui sûr.
J’ai toujours aimé l’idée qu’il a fallu 3 jours à Jésus pour passer de la mort à la vie. 3 jours de souffrances et de déception, et de questionnement. Il nous faut certainement aussi du temps, à chacun son rythme, pour passer de nos morts à la vie véritable. Une chose est sûre, nous sommes inscrits dans un parcours. Un parcours, parsemé d’embuches, un parcours parfois linéaire, parfois cyclique, parfois sinueux, ou que sais-je encore ? Un parcours qui pose la question de la foi y compris parmi nos rangs de chrétiens. Pourquoi croire ? Si la vie est tout aussi si dur avec ou sans la foi ? Pourquoi croire s’il nous faut entendre des enseignements de Jésus comme ce matin qui sont si durs à mettre en oeuvre ?
Dans notre monde combien sont ceux qui théorisent et pensent que loin on se place des Eglises et des éléments de la foi mieux on se porte ? Pour eux la foi n’est qu’une litanie des préceptes galvaudées, des idéologies dépassées, des valeurs qui n’en sont pas vraiment, etc. Ces tensions, Jésus les connaît, et sont au coeur de son message à ces disciples. Jésus cherche tout simplement à nous donner en quelques sortes des billes (moyens) pour affronter notre monde .
Jésus nous parle de la croix, de notre croix à porter par nous-mêmes. Je ne sais pas si nous comprenons vraiment ce qu’il dit. Je pense aux douze qui à peine appelés, entendent déjà parler de la croix à porter. Autant dire qu’à ce stade de leur parcours, les douze sont normalement incapable de comprendre la profondeur des paroles de Jésus. La compréhension, si compréhension il y a, ne sera possible qu’après les événements de la fin. Mais, entretemps, les disciples sont invités à cheminer avec ces paroles. Un parcours qui passe par des étapes superficiels, ou plus légers, ou encore de gravité, de profondeur, de doute, de certitude, de questionnement, d’enthousiasme, etc. A l’image de nos propres parcours. Chaque stade est différent et peut s’entremêler avec un autre. Il n’y a pas de classification possible de ces étapes même si nous pouvons être tentés de mettre des valeurs à chacune de ces étapes pour mieux les comparer. Est-ce mieux quand nous sommes dans la gravité et la profondeur, ou bien quand les choses nous paraissent plus légères, ou bien quand nous ne comprenons pas grand-chose… quelle est la meilleure étape dans un parcours. Bien malin est celui qui peut le dire ! Toutes ces étapes balisent un parcours. En supprimer ou dévaloriser l’une ou l’autre revient à remettre en cause le parcours en soi. Mais, voilà, depuis le début Jésus veut inscrire ses disciples que nous sommes dans un parcours de vie. Nous sommes appelés à la vie et à une vie engagée.
On peut noter et cela est vrai dans tous les domaines, l’engagement cristallise souvent les difficultés, les insultes parfois, les jugements hâtifs aussi, des haines, etc. Quand nous sommes appelé à nous engager, une chose me paraît sûre : une fois engagé, rien ne sera plus jamais comme avant. Si cela est valable dans tous les domaines de la vie, la foi ne fait donc pas exception à la règle, mais la foi accentue même le trait. S’engager à la suite de Jésus, c’est véritablement s’exposer. Souvenez de ce verset en amont de ce texte que nous avons déjà lu les dimanches précédents : « le disciple n’est pas au-dessus du Maître ». Il ne peut pas prétendre un meilleur traitement que son Maître. Il partage en quelque sorte le destin de son Maître. Et le destin de Jésus est connu.
Suivre Jésus c’est tout sauf emprunter un long fleuve tranquille. Si on veut une vie tranquille, autant ne répondre à aucun appel. Autant vivre dans la prudence. Or la trop grande prudence nous mène à la perte. Jésus est la vie. Vivre, c’est risquer sa vie. Accepter la vie, c’est accepter de perdre la vie. Suivre Jésus, c’est entrer dans ce parcours du risque, c’est accepter le danger. Et en réalité cette perte est un gain. C’est là tout le paradoxe que met en évidence le Christ. Perdre c’est gagner.
En même temps, il nous laisse la liberté de choix. Nous sommes libres de choisir de demeurer dans nos zones de conforts. Les zones de conforts sont symbolisés par nos relations avec nos parents ou nos enfants, citées dans un registre de préférence. C’est une manière me semble-t-il de parler de nos zones de confort. Préférer nos parents ou nos enfants à Jésus, est une manière de refuser le risque de l’envol. Il n’est pas question pour Jésus de nous dire de ne pas aimer nos parents ou nos enfants. Mais ces relations-là symbolisent des lieux de confort qui ne rejettent le risque de la vie. Préférer Jésus, c’est entrer dans la zone du risque de l’envol. On le voit très bien par exemple lorsque certains, renoncent à la foi en Christ pour ne pas passer comme des gens du passé, obtus, qui ne vivent pas avec leur temps.
C’est cette prudence-là que Jésus pointe ici, qui cherche plutôt une certaine tranquillité dans le non engagement de la foi qui est la plus grande des pertes. « Celui qui aura trouvé sa vie la perdra ». Notre suivance à Christ nous coûte certainement la vie, mais, nous sommes gagnant. Les railleries et les attaques qui sont dirigées contre nous à cause de notre foi, nous rendent encore plus que vainqueurs. Nous avons reçu un appel de Jésus à le suivre, n’ayons pas honte de notre suivance. Soyons plus que jamais témoins du ressuscité.
Amen.