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Lecture biblique
Matthieu 11, 25 – 30
25 En ce temps-là, Jésus dit : Je te célèbre, Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux gens intelligents, et que tu les as révélées aux tout-petits. 26 Oui, Père, parce que tel a été ton bon plaisir.
27 Tout m'a été remis par mon Père, et personne ne connaît le Fils, sinon le Père, personne non plus ne connaît le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils décide de le révéler.
28 Venez à moi, vous tous qui peinez sous la charge ; moi, je vous donnerai le repos. 29 Prenez sur vous mon joug et laissez-vous instruire par moi, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. 30 Car mon joug est bon, et ma charge légère.
Prédication assurée par le pasteur Marcel MBENGA
Le dimanche 5 juillet 2020 au temple de Beaune
Matthieu 11, 25-30
Le texte de ce jour nous fait entendre des expériences qui nous sont quotidiennes. Nous faisons chaque jour l’expérience d’une fatigue qui a besoin d’un temps d’arrêt, de repos pour régénérer nos forces. En même temps nous sommes conscient que la fatigue est une réalité bien plus profonde que ces moments où nous avons juste besoin de nous arrêter un temps pour recharger nos batteries. Je veux parler de cette fatigue et de ces charges qui ne peuvent être soignées ni soulagées par un temps de repos pris en mer ou en montagne ou dans un voyage aussi dépaysant qu’il soit. Je veux parler de nos drames qui demeurent à jamais présents en nous qui nous causent énormément de peine. Ce sont toutes ces peines-là qui touchent à notre être, qui touchent à notre existences qui sont ici concernées par l’appel de Jésus : « Venez à moi vous tous qui peiné et qui êtes fatigués, vous tous qui peinez, je vous donnerai du repos. »
Jésus souligne ici la souffrance de la blessure de la vie. Comme la perte d’un être cher, quand l’absence qui devient si présente. Comme l’exclusion que l’on peut subir, quand on subit les condamnation du fait de son choix ou pas de son mode de vie. Comme quand son histoire personnelle devient si pesante. Quand on sent sur soi le poids des regards. Quand les normes et les conventions nous démolissent et entravent notre pensée et notre liberté et nous déshumanisent. Avouons que ce type de fatigue-là qui est bien plus compliquée à soulager. C’est donc à toutes ces personnes qui ne trouvent de répit nulle part ailleurs, que Jésus s’adresse. Jésus appelle à lui toutes les personnes qui vivent sous le poids de l’obligation à paraître meilleur. Il nous faut nous rappeler qu’à l’époque de Jésus, le croyant se voyait imposer un style de vie. Je parle certes d’une époque révolue mais à certains égards et à certains endroits, des gens vivent encore sous ce type de dictat. Il n’est pas rare que l’on attende d’un chrétien ou de tout autre croyant de quelque religion que ce soit, qu’il ait une vie exemplaire ou qu’il soit le modèle d’une société aux bonnes moeurs. Certains s’en sortent bien dans ces contextes. Mais, d’autres, et ils sont bien nombreux, qui s’estiment bien loin de ces exigences, pour qui tout cela pèse énormément sur eux. Peut-être à cause de leur choix de vie non conventionnelle, peut-être du fait de leur incapacité à respecter les doctrines, peut-être à cause des torts qu’ils font aux autres ou que sais-je encore ? A tous ceux-là, à tous ceux qui ont du mal à trouver leur place dans la société, à tous ces profils de vie si difficile, Jésus veut faire un bon accueil. Il veut rendre à chacun sa dignité. Il veut mettre chacun en valeur.
Je ne sais pas si nous imaginons bien qu’à l’époque de Jésus, le malade ou une personne handicapée était considéré comme responsable de son malheur et était considéré comme un puni de Dieu. Jésus met fin à tout cela. Jésus se montre à tous et à chacun. Venez à moi vous tous qui n’en pouvez plus des jugements hâtifs. Venez, vous tous qui courbez l’échine.
Puisque je rappelle certains faits, continuons dans cette lancée, et rappelons-nous car nous l’oublions me semble-t-il très souvent, que Jésus a accueilli des personnes infréquentables. Ce qui lui a souvent valu toutes sortes de reproches. Et pour cause, les courants les plus influents imposaient à la population des préceptes religieux qui étaient pour le plus grand nombre des véritables fardeaux. Ces courants religieux ne se rendaient pas compte que c’est l’amour de Dieu qui était ainsi amoindri. Jésus veut révéler et restaurer la grandeur de le l’Amour de Dieu dans l’accueil des personnes considérées comme de mauvaise vie. Dieu ne troque rien non amour ni son accueil en le conditionnant par une quelconque repentance. Quel que soit votre vie, vous peinez, venez à moi. Venez et je vous donnerai du repos. Si Dieu est amour, assumons et proclamons haut et fort qu’il ne fait pas de distinction entre les uns et les autres. Le Christ veut accueillir ceux-là même que toutes les bonnes raisons ne nous permettent pas, nous, de les accueillir. Oui, nos limites nous empêchent certainement de continuellement faire bon accueil à une personne qui nous a causé un grand tort. Mais, et c’est la vigilance à laquelle nous sommes appelés, ne faisons ce transfert sur Dieu. Si nous sommes incapables d’aimer tel ou tel pour telle ou telle raison, cela ne suffit pas pour entraver l’amour de Dieu pour cette personne. Si nous sommes en attente que notre offenseur corrige ou paie son tort envers nous, ce n’est pas le cas de Dieu. Non ! Dieu ne serait pas Dieu, s’il conditionnait son amour à une quelconque conversion. Non ! Dieu n’abandonne personne. Il est du côté des victimes, de toutes les victimes, toutefois, sans abandonner les bourreaux. Sa compassion est pour tous. Cette compréhension de la profondeur de l’amour de Dieu nous dépasse certainement. Mais, cet amour si grand de Dieu a plutôt reçu un écho favorable auprès des « petits », précisément ceux qui n’ont pas ou très peu de mérites.
Il faut dire que la société savante et intelligente a toujours spéculé sur la foi et se nourrit de sa rhétorique. Ces intelligents ou grands connaisseurs de la loi religieuse, ont du mal à comprendre que Dieu puisse s’intéresser à des gens sans grade et de mauvaise vie ; à voir Dieu marcher avec des incompétents et des bons à rien. Ils ont du mal à voir Jésus entrer chez un collecteurs d’impôts aux moeurs douteuses. Ils ne comprennent pas que Jésus laisse une femme pécheresse et de mauvaise réputation lui laver les pieds et les essuyer avec ses cheveux. Remarquez d’ailleurs le surréalisme de la scène. Ce sont les mêmes qui critiquent la guérison des malades le jour du Sabbat. Pour eux, Jésus ne peut pas être celui qu’il prétend être car Dieu pensent-ils ne peut se compromettre de la sorte avec le mal. J’aime beaucoup la réplique de Jésus pour remettre l’être humain au coeur de l’intention première de Dieu : Le Sabbat a été fait pour l’homme et non pas l’homme pour le sabbat. La loi nous est donnée pour qu’elle concoure à ce bien-être de l’humain. La loi n’est donc qu’un outil que Dieu nous donne pour nous garantir la vie et en aucun cas pour l’entraver et en aucun cas pour qu’elle devienne pour nous un carcan et prétexte pour rejeter et condamner l’autre dans la tourmente sans fin.
L’évangile de ce jour, met en évidence l’expérience que Jésus fait. Alors, qu’il veut accueillir tout le monde, force est de constater la société savante se ferme à cet amour de Dieu pour tous. D’où cette louange de Jésus à son Père : « Je te célèbre, Père, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et tu les as révélées aux tout-petits ». Jésus fait l’expérience que ce sont les personnes humbles, pauvres, exclues, malades, qui accueillent très favorablement ce message de Dieu compatissant et miséricordieux. Ce sont eux qui comprennent que leur vie ne doit pas être un poids. Remarquez d’ailleurs que Jésus ne les berce pas d’illusion non plus sur une quelconque suppression du joug. Non, le joug ne disparaît pas. Mais, il est désormais léger. Avec Jésus notre fardeau est allégé parce qu’il le porte avec nous. Jésus allège nos charges et nos fatigues. C’est en cela que le joug de Jésus devient pour nous bienfaisant. Venez à moi vous tous qui peinez sous la charge, nous dit Jésus, je vous donnerai du repos. Prenez sur vous mon joug et laissez vous instruire car mon joug est bon et ma charge légère.
Amen